Renouvellement des postes de travail, le secteur public dans les starting-blocks

Avec la loi AGEC, le secteur public est en première ligne pour s’équiper en matériel informatique revalorisé. Mais concrètement, la filière est-elle prête pour répondre efficacement aux nouvelles obligations de l’article 58 de la loi ? D’ores et déjà, l’arrivée de matériels reconditionnés dans les organisations interroge les habitudes de consommation de l’acheteur public.

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Le reconditionné, le recyclé, une révolution dans l’administration

Les premiers appels d’offres publics pour le renouvellement des équipements informatiques appliquent la loi AGEC depuis quelque temps déjà. Dans les prochains mois, une partie des agents publics travaillera sur des machines soient reconditionnées, soit équipées de composants recyclés ou recyclables.
C’est une petite révolution. Jusque-là, le secteur public comme les grandes entreprises se plaçaient de l’autre côté de la barrière, donnant aux associations et aux structures de reconditionnement leurs équipements usagés. Ces postes de travail et autres laptops étaient alors destinés au particulier en recherche d’économie et plus globalement aux programmes d’aide.
La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire inverse la tendance et fait du secteur public un des premiers consommateurs de produits informatiques issus de l’économie circulaire.

« C’est évidemment une très bonne chose puisque l’acheteur public, dans sa mission d’intérêt général, contribue ainsi d’une façon nouvelle à la préservation des environnements » remarque Vincent Metzger, France Client Solutions sales leader chez Dell. « Cette loi vient compléter de manière assez musclée l’effet des efforts que la filière informatique a jusqu’ici mis en place en la matière. »
Chainon en partie manquant du processus RSE, l’utilisateur du secteur public devient rampe de lancement d’une économie circulaire en voie de se généraliser.

Une capacité de réponse principalement endossée par les constructeurs et les intégrateurs

Cela dit, le verdissement de la commande publique ne va pas sans quelques difficultés d’application. En premier lieu, la filière du reconditionnement et de la régénération des matériels informatiques est fragile et encore peu structurée. Une situation qui ne facilite pas le sourcing et contribue à une connaissance fragmentée des secteurs susceptibles de répondre à ces appels d’offres d’un nouveau genre.
De leur côté, les grands constructeurs n’ont pas attendu pour mettre sur pied de multiples programmes dédiés au recyclage (plastiques, mais aussi terres rares) et à la réduction de leur empreinte carbone. De ce fait, ils sont certainement plus à même de fournir une réponse adaptée à des marchés importants.

« Nous avons débuté nos programmes environnementaux Dell Technologies il y a 15 ans, nous préparant sérieusement aux évolutions des modes de consommation. D’ici à 2050, notre objectif est d’introduire 50 % de composants recyclés ou recyclables dans nos produits. Notre packaging l’est d’ores et déjà à hauteur de 87 %. Toute la filière est concernée dont notre chaîne d’approvisionnement, éthique et responsable. »

Le réemploi, le recyclage de composants en boucle fermée, et comme chez Dell Technologies, l’exploitation de centaines de tonnes de fibres de carbone issues du secteur aérospatial, nécessitent parfois plusieurs années d’études et de reconfiguration des chaines de montage pour aboutir à des produits issus de l’économie circulaire. L’enjeu, massif, industriel et technologique, repose alors en très grande partie sur les épaules des grands constructeurs.
Mais pas seulement. Au plus près des attentes de l’acheteur public et privé, les intégrateurs aussi fournissent les efforts indispensables pour que le cycle de vie du matériel informatique se traduise par plus de valeur, économique, sociale et environnementale. C’est l’engagement de SCC, à travers sa filiale Recyclea, une entreprise adaptée aujourd’hui leader sur le marché du réemploi du matériel informatique en France.

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Renouveler ou attendre ?

Dans le secteur public, la tendance a toujours été au renouvellement lent des équipements informatiques et en particulier des postes de travail. Des ordinateurs de plus de 6 ans sont monnaie courante sur les bureaux des agents publics.

Démarche vertueuse ou handicapante ? « Les consommateurs sont incités à ne pas renouveler trop souvent leur matériel mais tout dépend du contexte. Une machine vieillissante coûte exponentiellement cher à la collectivité. » Dans le coût total de possession d’un ordinateur, l’achat stricto sensu d’un pc est inférieur à 30 %. Le reste concerne la maintenance, le support, les mises à jour des logiciels, devenant coûteux dans le temps.
En outre, le matériel ancien ne bénéficie pas des améliorations liées à la dépense énergétique d’un appareil plus récent. « La consommation énergétique des appareils est aujourd’hui un point fondamental » rappelle Vincent Metzger. « En 8 ans, nous avons réduit l’empreinte énergétique de nos laptops Dell de presque 70 %. C’est un élément important à prendre en compte au moment du renouvellement des machines, surtout reconditionnées. ».

Une difficulté sous-jacente en interne, l’attribution

Si de loin le problème peut faire sourire, il n’en demeure pas moins qu’à tout acheteur se posera la délicate question de l’attribution des équipements informatiques reconditionnés. Agents du public comme collaborateurs du privé, l’accès à du matériel haut de gamme et récent a toujours fait partie des attentes, plus ou moins satisfaites.
Si instinctivement l’on peut suggérer au maître d’ouvrage de porter son attention sur du matériel équipé de composants recyclés (ou recyclables), ce serait ignorer l’esprit de la loi AGEC qui entend donner un nouveau souffle à la filière du reconditionnement.

« Il faut voir les choses autrement », conseille Vincent Metzger, « et profiter de cette occasion pour améliorer, dans certains secteurs, la qualité (en performance, en stabilité) des équipements, sans laquelle la fracture numérique continuera de s’étendre. »
L’achat public est tributaire de ses budgets, de son rythme comptable et tend à privilégier le volume sur les besoins spécifiques des utilisateurs. L’éducation typiquement souffre d’une approche trop globale de l’accès aux outils numériques, au détriment de l’axe élève / enseignant, de l’utilisateur et de ses espérances. La loi AGEC en ce sens est une opportunité pour le monde de l’éducation d’accéder à des équipements plus performants à des coûts équivalents à des produits neufs, mais offrant nettement moins de potentiel.

Parallèlement, il faut aussi compter avec une part de collaborateurs conscients de l’importance qu’est ce grand pari d’une économie circulaire vive, et prêts à jouer le jeu du reconditionné. La loi AGEC n’en est d’ailleurs qu’à ses débuts. Dans quelques années, travailler sur des pc revalorisés ne devrait plus présenter le moindre point d’achoppement.

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