L’optimisation énergétique du secteur public : entre besoins d’évaluation et de modernisation

Le décret tertiaire fixe-t-il des objectifs ambitieux ? Oui, assurément. Les collectivités territoriales disposent-elles des outils adaptés pour appliquer ce décret ? On peut en douter. Le processus est complexe et le degré de méconnaissance de la réalité des consommations énergétiques particulièrement élevé. Il est temps de mesurer, de comparer, de décider et d’investir… dans l’avenir.

jeunes pousses germant sur des bulbes numériques

Le décret tertiaire fixe-t-il des objectifs ambitieux ? Oui, assurément. Les collectivités territoriales disposent-elles des outils adaptés pour appliquer ce décret ? On peut en douter. Le processus est complexe et le degré de méconnaissance de la réalité des consommations énergétiques particulièrement élevé. Il est temps de mesurer, de comparer, de décider et d’investir… dans l’avenir.

Décret tertiaire : fort dénivelé en perspective

Entré en vigueur en octobre 2019, le Dispositif Éco Énergie Tertiaire (DEET), dit décret tertiaire, impose aux propriétaires et preneurs à bail de bâtiments abritant des activités tertiaires et dont la surface de plancher est supérieure à 1 000 m2, de réduire « progressivement » leur consommation d’énergie. La progressivité s’exprime ainsi : -40 % en 2030, -50 % en 2040, -60 % en 2050.

Contraintes par les effets de la crise sanitaire, les autorités ont choisi d’en repousser la première échéance au 31 décembre 2022, date de déclaration des consommations sur la plateforme OPERAT pilotée par l’ADEME.

Tous les réseaux d’énergie sont concernés, eau, gaz et électricité. L’année de référence sur la base de laquelle l’effort de sobriété à fournir est évalué doit être judicieusement sélectionnée (à partir de 2010). Ainsi les années 2020 et 2021, n’étant pas représentatives, sont à exclure. Le choix du mode de calcul, en valeur relative (en pourcentage) ou en valeur absolue est également à considérer, selon que l’on occupe un bâtiment ancien ou construit selon les normes modernes.

Puisque toutes les branches du secteur tertiaire sont concernées, les services publics le sont également, ainsi que les prestataires de services publics et les titulaires de délégations occupant des bâtiments publics. En dehors des activités de défense et de sécurité civile entre autres, rares sont les établissements qui ne sont pas visés par le dispositif. Fin mars 2023, 532 millions de mètres carrés ont été déclarés sur les 973,4 millions identifiés par l’ADEME.

Aujourd’hui encore, la prise en main d’OPERAT et le processus à mettre en œuvre ne semblent pas très intuitifs, ce qui entraîne un certain retard dans les déclarations. Si les sanctions financières encourues sont relativement peu dissuasives (et dont on peut questionner la pertinence en ce qui concerne les collectivités territoriales), il n’en va pas de même de la menace à peine voilée d’être pointé du doigt comme le mauvais élève de la sobriété énergétique.

L’absence d’instrument de mesure pénalise les collectivités

Les collectivités ont toutes intégré les règles de bon sens de la consommation énergétique au même titre que les particuliers. Les agents veillent à éteindre la lumière dans les locaux le weekend, la température est maintenue à 19°, les services informatiques contrôlent l’usage des ressources, etc. Mais ces bonnes pratiques ne donnent jamais lieu à relevé, il est donc impossible pour les collectivités territoriales et les gestionnaires de services publics de chiffrer l’impact de l’effort et encore moins de l’évaluer par rapport à la trajectoire qu’ils sont censés prendre.

On objectera qu’il suffit de comparer les factures d’une année sur l’autre pour constater la baisse des consommations. Si l’exercice se veut facile pour un ménage, il devient un sacerdoce dans une collectivité gérant des dizaines d’établissements disséminés sur un territoire et ne relevant pas des mêmes fournisseurs d’énergies. En pratique, les factures, souvent reçues au format papier encore, ne sont pas agrégées. En plus d’un manque complet de visibilité consolidée, s’ajoute l’impossibilité d’obtenir la vue détaillée des consommations par usage. Or, si l’on a coutume de dire que le diable est dans les détails, il s’avère que les économies d’énergies, aussi.

« Il est pourtant parfaitement possible de récupérer l’information à partir des compteurs communicants et de la consolider » explique Arnault LEMOINE, architecte solutions IoT chez SCC. « Sur mandat, nous collectons également deux ans d’antériorité des factures, que nous analysons depuis nos plateformes partenaires. ».

Tous les flux des fournisseurs sont connectés à une plateforme, dédiée à l’analyse des consommations d’énergie et de fluides. « Nous sélectionnons les solutions sur leur grande interopérabilité de données et leurs fonctionnalités puissantes » complète Arnault LEMOINE. SCC, de son côté, installe et paramètre la plateforme chez le client.

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Optimiser les contrats d’énergie et identifier les dérives

Les propriétaires (ou preneurs à bail) disposent de la cartographie de l’ensemble de leurs sites et de la vue consolidée de la consommation globale de leur patrimoine immobilier. Puis site par site, la solution renseigne sur la consommation, fournit un comparatif sur plusieurs années et contextualise la donnée à partir notamment de relevés météo.

Le premier avantage, à très court terme, porte sur l’optimisation des contrats d’énergie. La majorité des contrats sont généralement surdimensionnés. C’est une optimisation certes financière, mais dont le jeu en vaut la chandelle.

L’étape suivante consiste à s’inscrire dans une stratégie d’optimisation énergétique. L’identification des dérives est un premier axe d’amélioration, sur lequel agir permet aisément de réduire sa consommation conformément au premier échelon fixé à 2 030. En fonction des usages dans chaque bâtiment, la mise en place d’alertes (par exemple le weekend ou la nuit) permet de repérer le gaspillage dû à des fuites ou de mauvaises habitudes. La donnée est un tiers de confiance, qui telle la traçabilité, ne permet aucune discussion et participe à l’éducation aux écogestes. Enfin la cartographie permet la priorisation des actions et des sites en fonction de leurs dérives les plus manifestes, constatées par le rapport consommation-énergie/an vs consommation-énergie par m2, en comparaison des consommations des autres bâtiments.

2040, 2050, des marches plus hautes et plus complexes à gravir

Le management de l’énergie fait entrer en jeu plusieurs briques de services au fort impact énergétique. N’oublions pas d’une part que la stratégie implique de fixer une source (l’année de référence) et une cible, voire plusieurs en l’occurrence (tous les 10 ans à partir de 2030). Cette trajectoire implique d’adopter des stratégies différentes selon les objectifs. En effet, passer de 40 % à 50 % d’économie d’énergie et ainsi de suite ne relève pas de la même approche, et ce, quel que soit le bâtiment considéré.

Toute action d’économie d’énergie requiert un investissement. C’est généralement là que le bât blesse. L’energy management a vocation à déterminer le ROI des mesures d’économie potentiellement réalisables (et leurs alternatives) sur chaque site d’un propriétaire. Le choix se fera à partir de la cartographie réalisée, du positionnement gagné sur la courbe de progression, du retour sur investissement espéré et du budget disponible, évidemment. Après l’urgence et la correction des dérives, une multitude d’éco-décisions sont prises progressivement.

Toutefois, l’addition de toutes ces actions finira par rencontrer ses limites sur la fameuse courbe de progression. À ce stade, c’est au bâtiment de devenir entièrement communicant et intelligent. Il s’agit là de la mise en application du décret BACS (Building Automation and Control System) par l’installation d’un système de pilotage énergétique, ou gestion technique du bâtiment.

Structurante, l’opération est aussi coûteuse, au point qu’à ce jour, seuls 2 % des bâtiments (tous secteurs confondus) en sont équipés. « Au-delà de la mise en œuvre technique sur mesure (automatisation, capteurs intelligents, API, etc.) sur les systèmes de réseaux froids et chauds, SCC accompagne les collectivités dans leur montage financier et leurs demandes de certificats d’économie d’énergie, qui donnent accès aux financements utiles pour une telle mise en conformité des bâtiments » souligne Arnault LEMOINE.

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